Prévenir le racisme dans le sport : conseils et actions efficaces

15 août 2025

Un joueur suspendu pour avoir dénoncé des insultes racistes sur le terrain : la sanction frappe parfois plus fort le lanceur d’alerte que l’agresseur. Cette situation, loin d’être isolée, révèle des failles persistantes dans la gestion des actes discriminatoires au sein des clubs amateurs.

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Certaines fédérations imposent désormais des modules de formation obligatoires aux entraîneurs, tandis que d’autres laissent la prévention au bon vouloir des bénévoles. Les initiatives varient, l’implication aussi. Pourtant, des mesures concrètes existent pour renforcer la vigilance et responsabiliser l’ensemble des acteurs, du vestiaire jusqu’aux tribunes.

Le racisme dans le sport amateur : un enjeu toujours d’actualité

Le racisme dans le sport n’a rien d’une vieille histoire classée. Il s’invite, insidieux ou brutal, sur les terrains amateurs comme dans les gradins clairsemés. Préjugés raciaux, xénophobie, antisémitisme : ce vocabulaire pèse lourd, et ce ne sont pas seulement des mots. Derrière chaque insulte, chaque regard de biais, il y a des blessures, parfois discrètes, parfois éclatantes. On aimerait croire que les campagnes d’affichage, les messages officiels auraient suffi à effacer ces comportements. La réalité, c’est que la discrimination dans le football et dans toutes les disciplines continue de s’exprimer, souvent là où on ne veut pas la voir.

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Des structures comme Football Against Racism in Europe (FARE) ont vu le jour pour contrer cette ombre persistante. Les grandes instances, FIFA, UEFA, multiplient les campagnes, publient des chartes, appellent à la vigilance. Pourtant, la bataille la plus décisive se joue loin des projecteurs, dans chaque club, chaque vestiaire, chaque tribune de village. La violence prend ici le visage de l’humiliation sournoise, du rejet silencieux, bien avant celui du coup ou de l’insulte publique.

La France, comme l’Europe, n’a rien d’imperméable. Les dispositifs institutionnels s’enchaînent, les plans se succèdent, mais les incidents rappellent avec une régularité inquiétante que l’égalité reste un horizon à défendre. Les formes de racisme et discrimination dans le sport évoluent : haine LGBT+, stéréotypes qui changent de visage, gestes déplacés, moqueries sous couvert d’humour. Le poison persiste, se transforme, mais ne disparaît pas.

Voici quelques constats récents qui montrent l’ampleur du défi :

  • Signalements de comportements racistes en hausse dans les clubs amateurs
  • Multiplication des programmes de sensibilisation et de formation pour les encadrants
  • Déploiement de référents pour la lutte contre la discrimination dans chaque structure sportive

Le terrain, miroir sans fard de nos défaillances collectives, continue de révéler ces faiblesses. Face à la répétition des faits, la mobilisation doit toucher tout le monde, de l’athlète débutant à la plus haute instance fédérale.

Comment repérer les situations à risque au sein des clubs ?

Dans la vie d’un club de football, la vigilance ne s’arrête pas à la feuille de match ni à la préparation tactique. Les signaux annonçant un problème s’invitent parfois discrètement : une blague pesante, une remarque sur les origines, un ado mis à l’écart lors d’un déplacement, un surnom douteux adopté sans gêne. Avant l’explosion, viennent ces fissures, ces micro-agressions qui s’installent dans le quotidien.

Les entraîneurs et managers tiennent une place charnière. Leur capacité à repérer ces dérives, à décrypter les non-dits, à tendre l’oreille aux silences, peut changer la trajectoire d’un club. L’émergence de petits groupes fermés, d’animosités souterraines, doit éveiller l’attention. Aujourd’hui, la vigilance déborde du terrain : le cyber-harcèlement a trouvé sa place dans les conversations privées, sur les réseaux sociaux, loin des adultes souvent démunis face à ces nouveaux espaces.

Pour mieux cerner ces situations à risque, certains indicateurs méritent d’être surveillés :

  • Observer les changements d’attitude ou d’assiduité chez les joueurs
  • Surveiller les échanges dans les vestiaires et en dehors
  • Analyser la dynamique entre supporters et jeunes licenciés

Les fédérations sportives imposent désormais des formations pour les encadrants. Qu’elles soient en ligne, sous forme d’ateliers ou de partages d’expérience, ces ressources aiguisent l’attention. Les clubs qui désignent un référent dédié et favorisent les signalements se protègent contre les dérapages. L’efficacité passe par l’anticipation et l’action rapide, loin de la complaisance ou de la loi du silence.

Initiatives inspirantes : ce qui fonctionne vraiment sur le terrain

Sur le terrain, il existe des exemples concrets qui prouvent que la lutte contre les discriminations ne se limite pas aux déclarations d’intention. À Vaux-en-Velin, l’OMS a rassemblé dirigeants, éducateurs et jeunes sportifs lors d’un colloque sans filtre dédié à la lutte contre les discriminations dans le sport. Ici, le dialogue intergénérationnel a permis de briser les non-dits, d’encourager chacun à prendre sa part de responsabilité. La participation de Jean-Charles Mbotti Malolo, réalisateur de Some of Us, a donné un écho particulier à ces échanges, rendant visible le combat contre les préjugés raciaux.

La Fondation UEFA pour l’enfance va plus loin que les discours convenus. Elle pilote la conférence TACKLE, portée par le programme Erasmus+ et orchestrée par le consortium CARDET. L’idée est simple : offrir aux clubs amateurs une véritable « boîte à outils » pour repérer, prévenir et traiter les comportements racistes. Les partenaires, du KMOP à l’Université de Pitesti, croisent leurs expertises pour concevoir des modules pensés pour les réalités de terrain.

Du côté des fédérations, la LICRA propose un appui concret, avec écoute et accompagnement juridique des victimes. La Commission nationale consultative des droits de l’homme conseille et oriente, pendant que le ministère de l’Éducation nationale met à disposition un service d’écoute national. Ce sont ces dispositifs, ancrés dans le quotidien, qui font bouger les lignes. Les campagnes de Sport et Citoyenneté, portées par des athlètes comme Stella Akakpo ou Aby Gaye, rappellent l’impact du témoignage et la force de la pédagogie pour changer les mentalités.

sport inclusivité

Clubs et supporters : comment chacun peut devenir acteur du changement ?

Dans chaque club, sur chaque pelouse, la responsabilité ne se délègue pas. Les structures sportives disposent aujourd’hui d’un socle juridique solide :

  • Code du sport
  • Code pénal
  • Loi du 24 avril 2021

Le contrat d’engagement républicain engage les associations à faire vivre l’égalité et la non-discrimination au quotidien. Mais les textes ne suffisent pas. Ils doivent trouver un relais humain. La désignation d’un référent discrimination, rendue obligatoire par le plan national contre le racisme et l’antisémitisme, fait de chaque club un lieu où la parole peut être entendue et les actes suivis d’effets.

Les supporters, souvent réduits à leur caricature, détiennent eux aussi un pouvoir d’action. La Charte d’éthique et de déontologie du CNOSF leur rappelle que le respect ne relève pas du simple affichage, mais s’exprime par des actes concrets. Un chant, une banderole, un mot de trop : tout peut basculer. Il s’agit d’oser intervenir, signaler, ouvrir le dialogue. Le club doit garantir un espace où la diversité ne se limite pas à un slogan, mais se vit pleinement.

Les institutions européennes, Union européenne, Conseil de l’Europe, financent de nombreux programmes pour renforcer l’inclusion. Le ministère français des Sports propose un Guide juridique pour mieux appréhender la prévention et la gestion des violences ou discriminations. Ce document outille les professionnels, clarifie les droits, et aide à agir là où les zones d’ombre persistent. Et en bout de chaîne, c’est bien le terrain qui reste le laboratoire de l’égalité, du respect et du vivre-ensemble.

À chaque match, chaque entraînement, l’occasion se présente de choisir entre l’indifférence ou la vigilance. Reste à savoir de quel côté du terrain chacun veut vraiment se tenir.

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